Alors qu'il y a deux jour Eliott Abrams, émissaire us pour l'Iran et le Venezuela, jurait de prendre pour cible toute "cargaison iranienne de missiles "à destination du Venezuela, quitte à bloquer le "processus de déploiement de missiles iraniens aux Caraïbes", un avion iranien a atterri à l’aéroport de Caracas et des spéculations sur sa cargaison ont déjà commencé.
S'agit-il d'une "cargaison balistique" ? Possible surtout que l'embargo sur le commerce d'armes avec l'Iran vient d'être levé et qu'il n'existe aucune raison pour que le Venezuela ne veuille pas s'armer contre une Amérique qui ne cesse ses manœuvres de déstabilisation. Mais un constat se pose : comme les pétroliers iraniens qui ont défié en mai la IVe flotte US pour livrer de l'essence au Venezuela, cet avion cargo iranien, si'il transporte des missiles, présente un réel défi à l'adresse de l'armée de l'air US qui, suivant Eliott aurait dû l'intercepter. L'avion iranien appartient à la société iranienne, Qeshm Fars, et il a atterri, hier mercredi, en toute sécurité à l'aéroport international de Caracas.
La cargaison de cet avion, qui a fait des escales à l'aéroport Habib Bourguiba de Tunis, et au Cap-Vert, avant d'atteindre sa destination finale, reste encore mystérieuse, car c'est le premier avion cargo à quitter Téhéran pour le Venezuela après la fin de l'embargo du Conseil de sécurité sur la vente ou l'achat d’armes lourdes depuis ou vers l’Iran. Mais le trajet est intéressant : Tunisie, Afrique du Sud, deux pays à défier eux aussi et chacun à leur manière la PAx Americana. Le corridor maritime anti sanction US reliant le golfe Persique aux Caraibes a déjà inclut outre les pays de l'axe de la Résistance, certains pays africains, un corridor aérien anti sanction semble se mettre en place là encore avec la participation des pays africains!
Une chose est sûre, Abrams n'a pas osé mettre en œuvre ses menaces de frapper l'avion ou de l'empêcher d'atterrir et de décharger sa cargaison. Le coup de bluff d'Abrams renvoie d'ailleurs aux menaces creuses contre les pétroliers iraniens qui continuent à faire des aller et des retours entre le Moyen Orient et l'Amérique du sud. Et pourtant le cargo iranien pourrait contenir du matériel militaire voire des missiles à longue portée. pourquoi ne pas avoir donc réagi?
Raï al-Youm va de sa réponse :" Trump n'a réussi à changer les "régimes" ni en Iran ni au Venezuela, que ce soit par des sanctions ou par le recours à la force militaire, et il s'approche maintenant de la fin de son premier mandat présidentiel sans réaliser ses ambitions. Il se dit sans doute que désormais il faut s'adapter au nouveau contexte et tolérer l'arrivée des armes iraniennes non plus seulement au Liban, en Irak, en Syrie mais au Venezuela et pourquoi pas bientôt à Cuba, au Nicaragua ou même la Bolivie qui vient tout juste de chasser le pantin de Washington et élire un proche de Morales".
« Ce qui inquiète, écrit l’auteur, Washington, c'est que l'Iran obtient de l'or en l’échange des exportations du pétrole et de missiles vers le Venezuela, ce qui lui permet d'éviter la monnaie américaine (le dollar) et de l'utiliser».
L'arme des sanctions américaines que l'administration Trump a exagérée pour prendre l’Iran en tenailles est inefficace parce l’Iran sait depuis longtemps comment contrer des mesures coercitives imposées par les États-Unis et comment développer ses capacités et répondre seul à ses besoins fondamentaux. Il convient de rappeler, précise l'auteur de l'article, que le mot magique ici est le fait de faire preuve de la «fermeté" et de ne pas céder aux Américains, un mot clé que les Arabes ne veulent pas entendre.